Challenge, envie et résilience : mes mots clés pour la formation professionnelle dans ce contexte instable...
Le bilan de ce premier trimestre
La clôture de l'année s'est faite en fêtant le passage des audits et la certification qualité Qualiopi réussie en mai 2021 dans un contexte très nébuleux, mais marqué par l'envie d'aller de l'avant. Le vendredi 17 décembre, veille des vacances scolaires de fin d'année, nous partions sur une annonce selon laquelle les organismes certificateurs ne seraient plus habilités le 1er janvier 2022. Le ton était donné !
Après des instants en famille marqués par l'espoir, 2022 allait commencer par une course réglementaire caractérisée par un manque d'informations. Il semblait que les changements subis par les organismes certificateurs depuis la mi-2021 étaient encore à l'état de projets chez la plupart d'entre eux. La surprise était relativement importante chez les OF qui découvraient qu'une poignée d'organismes certificateurs étaient désormais habilités depuis la mi-décembre. Ces derniers faisaient face à un grand nombre de demandes de partenariats afin que les offres de formation puissent toujours être financées. Les réunions de lancement se succédaient à un rythme accéléré, les mails ne connaissaient plus les week-end, et à ma grande surprise, même les services publics me répondaient un dimanche soir. Cela me fit comprendre le niveau d'urgence dans lequel nous étions.
En quelques jours il a fallu faire et refaire des dossiers, passer des entretiens, assister à de multiples webinars pour obtenir fin janvier le premier partenariat de cette nouvelle phase imposée par France Compétences, puis le 2ème début février. Ensuite, il fallut intégrer ces nouvelles évolutions et exigences pour un nouveau départ pour la formation professionnelle en passant par Mon Compte Formation, l'offre sur Carif-Oref ainsi que pour tous les autres organismes qui interagissent dans le cadre d'un financement d'une formation avec des fonds publics ou mutualisés. Donc oui, ce qui devait se rapprocher d'un marathon représenta un défi.
En tant qu'OPAC (Organisme Prestataire des Actions de formation pour le développement de Compétences) depuis 2018, ce n'est que l'envie de se dépasser qui vous pousse à ne pas "lâcher" dans un contexte de fin de pandémie et qu'une crise économique semble s'annoncer. C'est précisément à ce moment là qu'on se rend compte que le passage par Datadock, la mise en place des offres et l'adaptation au nouveau processus de parcours d'achat direct sur la plateforme de l'État, Mon Compte Formation, et Qualiopi n'étaient finalement que des échauffements pour ce marathon.
A cette étape, il me semble juste de remercier tous les représentants des organismes Certificateurs (DCL, CLOE, LEVELTEL, PIPPLET et PEOPLE CERT) qui ont répondu présents à l'appel de Linguaid dans le cadre d'un exercice de transparence et d'entraide. Je remercie également Centre Inffo pour leur baromètre de la formation et de l'emploi 2022. Je remercie aussi M. Bagorski et M. Baujard qui ont présenté un Bilan sur la réforme 2018 assez constructif, mais aussi pragmatique face au parcours politique et législatif touchant le secteur de la formation. La consigne était claire "... pour une société de compétences et des adultes responsables et acteurs de la construction de leurs compétences".
France Compétences, si vous me lisez, le message est compris. Le Compte Personnel de Formation doit bien se transformer dans un Compte Professionnel de Certification. Cependant, il nous faudra encore un gros effort de pédagogie publique afin de systématiser l'usage chez les individus de cette nouvelle consigne. Par ailleurs, une période de trêve pour les OF s'est achevée le 31 mars 2022. Aujourd'hui, 2 avril 2022, EDOF affiche que nous ne sommes plus que 14.174 organismes habilités et bientôt nous débuterons les audits de vigilance.
Comme évoqués plus haut, les défis ont été et sont nombreux, peut-être trop. Alors que nous devons adapter nos offres, établir de nouveaux partenariats (parfois dans un contexte normatif instable), il faut également informer et expliquer de manière pédagogique à nos clients comment ils doivent utiliser leur compte. La multiplication des réformes sur une période aussi brève et la digitalisation des outils rendent parfois illisibles pour les individus les chemins d'accès à leur formation. Il serait ainsi trop long de parler du dispositif de l'AIF
(Aide Individuelle à la Formation) dont le trop grand nombre de critères conduit à se détourner au profit du CPF. Pour un organisme cela représente un investissement chronophage pour la création et le suivi d'un dossier, qui décourage souvent tant l'apprenant que l'organisme de formation.
Je reste convaincue de l'intérêt de la formation continue et de son financement actuel, mais je pense qu'il serait plus raisonnable de conduire le changement (si cela s'avère encore nécessaire) avec plus de fluidité et surtout de communication avec les acteurs de terrain, afin d'éviter le sentiment de surprise et d'urgence.
